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Comme de nombreuses autres sphères, le milieu de l’architecture souffre d’une standardisation qui nuit à la qualité des projets. Un phénomène lié à sa démocratisation et à un manque d’investissement dans le travail de conception.

Les origines d’un appauvrissement généralisé

De nouveaux modes de consommation : plus vite, moins cher

« Si on veut un projet original et non pas un copier-coller d’un concept vu la télé, ça demande du temps. »

L’appauvrissement culturel auquel nous assistons ne concerne pas uniquement l’architecture d’intérieur. Ce phénomène est notamment lié au changement de nos modes de consommation.

Aujourd’hui, il est devenu normal d’exiger un service rapide et bon marché, souvent au détriment de la qualité du service. Par exemple, depuis qu’Amazon propose une livraison ultra rapide, nous y sommes habitués au point que toute livraison de plus de 3 jours nous parait aujourd’hui insupportable. Et ce, sans admettre que ce niveau de service nécessite une infrastructure énorme et est loin d’être une normalité.

La même chose se produit à l’échelle de l’architecture d’intérieur : avec l’émergence de nombreux SaaS (Software-as-a-Service) tels que Kozikaza rendant accessible l’usage de la 3D, les clients comprennent de moins en moins qu’un projet d’architecture prenne du temps et nécessite autant de travail de conception. Le succès des émissions de décoration intérieure est également en cause, en démocratisant et simplifiant à l’extrême le concept de décoration intérieure.

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Un milieu envahi par le standard

« On voit partout le même générique, c’est d’un ennui mortel. »

Un autre constat apparait dans l’écosystème lié à l’architecture intérieure : une tendance récurrente à créer des standards et à les exploiter jusqu’à saturation.

À l’instar de Netflix, qui produit une quantité gigantesque de contenus en se basant sur le même schéma éprouvé. Alors que la quantité de sujets abordés est d’une variété impressionnante, chaque thème est traité avec les mêmes codes. Cela génère des contenus qui se consomment facilement, mais qui sont vite limités lorsque l’on cherche à aller plus loin.

Nombre d’exemples peuvent aussi être cités en marketing : il suffit qu’une marque crée un concept de communication qui fonctionne, à l’exemple d’Apple, pour que l’ensemble des acteurs du secteur suivent le pas, modifiant les codes de toute une industrie.

Chaque période voit ainsi naître son standard : on est passés de D&CO au béton ciré, en passant par le scandinave dans les années 2010. À moins de se baser sur des revues spécialisées avec des concepts très pointus, on voit sans cesse le même générique. Quand on est un amoureux de son travail, c’est exaspérant de voir son savoir-faire et sa plus-value comparés à ces standards.

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Épisode 7 : Architecture, appauvrissement culturel sans précédent

Comme de nombreuses autres sphères, le milieu de l’architecture souffre d’une standardisation qui nuit à la qualité des projets. Un phénomène lié à sa démocratisation et à un manque d’investissement dans le travail de conception.

Un manque certain de travail de conception

Prestations au rabais pour rentabilité assurée

Par ailleurs, de plus en plus de professionnels de l’architecture d’intérieur proposent des prestations sous-facturées, qui exploitent le même concept sans aucune plus-value.

Ainsi, j’accuse une certaine fainéantise de la part de mes confrères en ce qui concerne la phase de conception. Etant donné que la nourriture culturelle du design provient toujours des mêmes sources, à savoir Pinterest et les émissions de télévision, une grande partie des professionnels de l’architecture n’est plus capable de proposer quelque chose de différent. Ce qui fait qu’aujourd’hui, toutes les réalisations d’architecture d’intérieur se ressemblent.

Si certains le font par souci de rentabilité, d’autres se rendent coupables d’un véritable défaut de curiosité. Par conséquent, on ne voit plus réellement de conception ni de plus-value, la majorité des architectes se contentant de réutiliser des standards existants.

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Un milieu terni par la rétention d’information

« En architecture, on n’est pas dans la culture de l’open-source. »

La majorité des professionnels de l’architecture est complètement décorrélée de la réalité technique des chantiers, n’ayant jamais mis les pieds dans un atelier, ni monté une cloison.

On voit alors naître deux schémas : d’une part, des designers alignés avec cette réalité technique qui vont vers du standard par habitude, et d’autre part, des professionnels beaucoup plus portés sur le design mais dans une culture très fermée.

Au-delà d’un manque de connaissance, le milieu de l’architecture est marqué par un phénomène historique de rétention d’information. Beaucoup d’architectes passent leur vie à poser des brevets et refusent de transmettre ce qu’ils savent.

J’ai par exemple été amené à trouver une solution pour installer un BSO (brise-soleil orientable) sur une fenêtre asymétrique : l’architecte avec qui je collaborais tenait à faire breveter son idée avant de la communiquer, alors que le problème pouvait être résolu par un fournisseur particulier. Cette obsession de la rétention nous empêche d’accéder à de la nouveauté et de proposer des concepts plus intéressants dans nos projets.

Selon moi, la réussite d’un projet d’architecture dépend à la fois de l’investissement du client et de la capacité de l’architecte à intégrer cette demande client dans la phase de conception. Cela implique de partager l’information et d’inclure pleinement le client dans son projet.

L’impact de la culture web et des influenceurs

Si la culture Internet a apporté beaucoup de connaissance sur notre métier, elle est à double tranchant. En effet, le web permet de nous éduquer, mais cette éducation disponible dépend beaucoup des acteurs prêts à partager celle-ci. Il est donc important de prendre cette connaissance avec du recul.

Ainsi, on voit beaucoup de clients convaincus par un certain discours après l’avoir vu sur un blog ou entendu de la bouche d’un influenceur.

Les influenceurs sont devenus un média à part entière, qui doit son succès à un besoin de s’identifier, d’avoir un référentiel. En suivant un influenceur, on a la sensation de faire partie d’un club privé qui nous offre des avantages ainsi qu’un sentiment d’appartenance. Cette culture est entrée dans les mœurs, de sorte qu’un grand nombre de clients arrive aujourd’hui avec des convictions très fermées : difficile alors d’être dans la proposition et le dialogue.

Soigner l’accompagnement client

La relation avec un client particulier est très singulière et implique naturellement beaucoup d’allers-retours, de questions, d’incertitudes. Les clients sont en effet de plus en plus informés sur le bâtiment, ce qui les rend toujours plus exigeants et difficiles à gérer. C’est légitime, car ils souhaitent avant tout maîtriser leur projet : lorsqu’on parle de leur maison, il y a un aspect très intime, voire viscéral.

Aussi, plutôt que de se fermer à leurs demandes et de prendre le parti de la facilité, l’enjeu est de prendre la situation d’un point de vue positif. En faisant l’effort de les comprendre et de les accompagner dans la démarche, on peut alors travailler de concert avec ses clients, les transformant en collaborateurs particulièrement à l’écoute et proactifs

Aller plus loin que la demande

« Je ne veux plus entendre parler de verrières. »

L’enjeu aujourd’hui est d’aller plus loin dans la démarche que le simple standard générique. Nous nous devons d’amener davantage de culture architecturale et d’être force de proposition face à nos clients.

Beaucoup de designers aujourd’hui se calent sur le référent du client plutôt que sur son véritable besoin. Le problème est que dans 50 ans, tout le monde aura la même maison, avec la même verrière au style loft industriel.

Il est impératif d’être dans la proposition et de cesser de dire “oui” à tout. Être à l’écoute ne signifie pas se calibrer à tout prix sur la demande client, mais étudier le besoin et identifier des solutions nouvelles.

Notre métier en tant que designer est de concevoir : une mission qu’il faut constamment garder à l’esprit. Dans la définition de leur projet, les clients cherchent avant tout à avoir confiance en leur interlocuteur et à être compris. Notre rôle en tant qu’architectes d’intérieur à Lyon est donc de les accompagner et de proposer des concepts nouveaux, en se recentrant sur l’écoute client.

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Votre projet.

Il est facile de savoir si un objet est beau ou non. Si cet objet nous plaît. Les magazines sont remplis de belles images d’appartements et de villas tous plus sublimes les uns que les autres. La plupart vous seraient invivables.

Notre volonté en tant architectes d’intérieur s’est mue en obsession : vous accompagner dans la conception d’un habitat qui sera la stricte extension de ce que vous êtes.

Nous avons donc créé une page dédiée à vous aider dans la construction de votre projet d’architecture intérieur.

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Les nouvelles du pendu.

Le journal récurent et informel d’un bureau pas bien porté sur la poésie.