Architecture
Architecture intérieur : effet de mode dévastateur
Par Alexis • 15 mars 2021 • Partager :
Le domaine de l’architecture intérieure a beaucoup souffert de sa démocratisation, qui génère une saturation du marché et de nombreuses dérives. Voici notre constat et les enjeux qui se dessinent avec la transformation du métier.
L’architecture d’intérieur, un domaine accessible à tous ?
L’architecture d’intérieur est directement corrélée à l’architecture. Néanmoins, tandis que la profession d’architecte est strictement réglementée, ce n’est pas le cas de l’architecture d’intérieur. Cette différence est fondamentale et a plusieurs conséquences.
Une plus grande liberté de vision
D’une part, l’activité des architectes est rigoureusement contrôlée, les professionnels étant tributaires de l’Ordre des Architectes pour exercer. Si ce cadre peut être bénéfique sur certains points, il entraîne inévitablement un manque de liberté dans leur activité.
D’autre part, ce statu quo implique un monopole sur le droit d’exercer, qui ampute le sens du défi commercial de architectes et toute notion de remise en question de leurs services. Comme de nombreuses professions réglementées, l’écoute des besoins du client et l’adaptation au marché en pâtissent.
Les professionnels de l’architecture d’intérieur bénéficient donc d’une liberté beaucoup plus importante, de sorte que chacun peut témoigner d’une façon radicalement différente d’appréhender son métier.
Par exemple, certains professionnels travaillent dans une logique architecturale en recherchant un travail approfondi de la ligne, quand d’autres s’expriment davantage à travers le décor. Par conséquent, selon son approche, chaque client peut y trouver son compte.
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Les dérives du phénomène “blog déco”
« C’est important de transmettre que notre métier, c’est plus que de la déco. »
Toutefois, cette absence de cadre implique que tout le monde puisse exercer le métier d’architecte d’intérieur. Par conséquent, le marché est aujourd’hui inondé d’offre, avec des prestations de qualité inégale et des projets très similaires. On pense notamment à la tendance du style scandinave, qui envahit les intérieurs.
L’architecture d’intérieur tient en effet aujourd’hui d’un gigantesque effet de mode. Ce phénomène découle directement des émissions de décoration et autres blogs, qui ont largement démocratisé cette notion. Si ces contenus ont eu le mérite de faire connaître notre métier, il l’ont également réduit au choix des coussins et de la couleur des murs. Et ce, dans l’esprit des clients mais aussi de certains professionnels du milieu.
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On se retrouve ainsi avec beaucoup de mauvais architectes d’intérieur, qui se reposent uniquement sur le savoir-faire artisan et ne proposent aucune plus-value. Ces derniers ne sont pas réellement éduqués sur leur propre métier, en matière de détail architectural ou d’agencement sur-mesure par exemple. De fait, on perd beaucoup en qualité de design ainsi qu’en relation client. Aujourd’hui, il est indispensable de transmettre que notre métier, c’est plus que de la déco.
Remettre la plus-value au centre du métier
« Ce n’est pas parce que tu sais utiliser un crayon que tu es architecte. »
La démocratisation des outils de maquettage a un aspect très positif : elle permet aux personnes qui sont passionnées, ou qui n’ont pas beaucoup de moyens, de réaliser leurs plans eux-mêmes et d’apprendre énormément. Pour autant, il faut garder à l’esprit que cela ne fait pas d’eux des professionnels. Au-delà de ses plans, un designer a pour rôle d’apporter une plus-value, un accompagnement.
Par ailleurs, l’explosion de la concurrence a fait que la plupart des architectes d’intérieur ne prend aujourd’hui plus la peine de peaufiner ses plans. Cela confère une très mauvaise réputation à notre métier, détériorant au passage la relation avec les artisans et ingénieurs.
Ainsi, aujourd’hui, la seule valeur ajoutée qui existe chez la grande majorité des architectes d’intérieurs réside dans la répartition des zones et le goût esthétique, en laissant totalement de côté la valeur ajoutée technique.
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Mettre en avant sa plus-value en tant qu’architecte d’intérieur
Éviter la compétitivité à tout prix
« Quand on gère un chantier, on se doit d’être incorruptible. »
Face à un niveau d’exigence croissant de la part d’une clientèle mieux informée, il est urgent de communiquer sur son métier, de définir sa façon de travailler et ses livrables.
C’est l’unique solution pour faire valoir son savoir-faire et justifier ses tarifs dans un milieu de plus en plus concurrentiel.
Pour ma part, j’assume des prix un peu plus élevés car j’estime aller plus loin dans le niveau de détail de mes projets. À l’inverse, nombreux sont les architectes d’intérieur qui sous-facturent leur prestation afin de réduire la qualité de leur travail, puis se rémunèrent grâce à leurs artisans via des commissions pour apport d’affaires.
Cette stratégie a été la réponse instinctive d’un grand nombre d’architectes d’intérieur pour gagner en compétitivité face à la saturation du marché. Selon moi, elle n’est pas vivable sur le long terme et nuit énormément à la qualité des projets, ainsi qu’à une relation saine entre le designer et l’artisan.
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En tant que client, on est conditionné par l’idée de tout vouloir mieux, pour moins cher. C’est naturel, mais cela relève d’un problème d’information. Pour accepter de payer ces prestations au juste prix, il est essentiel de savoir ce que celles-ci représentent.
Assainir la relation avec ses clients
« Si mon client ne m’accorde pas de temps, je ne travaille pas avec lui. »
Aujourd’hui, il est impératif de préciser la relation architecte-client. Face à un métier qui commence à être mis à mal, il est important de redéfinir l’offre architecturale au global.
Aujourd’hui, les clients sont plus informés et des outils tels que SketchUp ou Kozikaza sont accessibles à tous, de sorte que l’on en vient à s’interroger sur l’utilité de l’architecte. Plutôt que de se braquer face à ce constat, celui-ci se doit d’aller vers plus de transparence et d’informer ses clients sur sa démarche. Les professionnels de l’architecture d’intérieur doivent avant tout faire preuve d’humilité, se remettre en question et commencer à proposer plus, en se posant davantage comme des accompagnants.
L’enjeu est désormais d’éduquer le client au maximum sur son activité; et ce, même si ce dernier n’en a pas envie. Un client informé et impliqué, qui accorde son temps à l’architecte, est le garant de la bonne réalisation d’un projet.
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L’importance de faire preuve d’humilité
« On ne fait pas appel à un professionnel pour faire une compétition d’égo. »
Un autre enjeu lié à la démocratisation du métier est que les clients se sentent de plus en plus légitimes de remettre en cause le travail de leur prestataire.
Face à cela, en tant que professionnel, il faut s’armer d’humilité. L’égo n’a aucune place dans un projet : l’objectif de l’architecte n’est pas seulement de créer, mais avant tout de comprendre une problématique et d’y trouver une solution.
Il est donc primordial d’écouter son client car même à travers la critique, celui-ci tente de communiquer quelque chose, le tout étant de savoir le décrypter. L’architecture d’intérieur est amenée à être redéfinie dans son ensemble.
Tandis que le marché évolue, que les clients sont de plus en plus informés, l’enjeu est de remettre en question sa pratique pour proposer une véritable plus-value. Les professionnels se doivent donc de s’adapter, par exemple en se spécialisant davantage.
Il ne s’agit pas de garder un monopole, mais bien de faire valoir ce que l’on fait et pour quelles raisons.
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Votre projet.
Il est facile de savoir si un objet est beau ou non. Si cet objet nous plaît. Les magazines sont remplis de belles images d’appartements et de villas tous plus sublimes les uns que les autres. La plupart vous seraient invivables.
Notre volonté en tant architectes d’intérieur s’est mue en obsession : vous accompagner dans la conception d’un habitat qui sera la stricte extension de ce que vous êtes.
Nous avons donc créé une page dédiée à vous aider dans la construction de votre projet d’architecture intérieur.
Les nouvelles du pendu.
Le journal récurent et informel d’un bureau pas bien porté sur la poésie.