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Jean-Pierre Cottet-Dubreuil : propriétaire et orfèvre de la maison Richard
Par Romane • 14 décembre 2021 • Partager :
“Je ne pensais pas qu’un orfèvre pouvait être jeune”
Le parcours de Jean-Pierre Cottet Dubreuil est aussi exemplaire que atypique. Il a repris l’orfèvrerie Richard Orfèvre il y a une dizaine d’années. Il est donc l’un des derniers orfèvres de Paris, situé dans le 3e arrondissement.
Dans son quotidien, sa jeunesse dans ce métier surprend souvent les clients. Il prend cette jeunesse comme un atout, en apportant un vent de fraîcheur sur l’orfèvrerie et en sortant des clichés de Louis XV.
Son parcours scolaire avant de devenir orfèvre
Jean-Pierre Cottet-Dubreuil a commencé un parcours scolaire classique et général avant de s’orienter dans une filière manuelle. Il note ce gap culturel et de maturité lorsqu’il a intégré cette classe, avec des élèves sortant de 3e et des élèves, comme lui, ayant un niveau d’étude déjà certain et donc plus âgé.
Il a d’ailleurs suivi deux cursus différents, d’abord une formation de bijoutier. En effet, la formation d’orfèvre n’existait pas encore. Il a tout de même obtenu deux CAP (un CAP de bijoutier et un CAP d’orfèvrerie). Il a toujours eu un plus fort attrait pour les objets en métal, sa mise en œuvre et l’univers de l’orfèvrerie. C’est ce qui lui a donné une vision plus moderne de l’orfèvrerie.
L’orfèvrerie modernisée avec Jean-Pierre Cottet-Dubreuil
En recevant des stagiaires et des apprentis, l’orfèvre aime transmettre sa vision plus moderne de son métier.
“Toute culture… peut être source d’enrichissement”
De plus, pour lui, l’orfèvrerie est vraiment utilitaire et ce ne sont pas des objets précieux. Il entend par là
qu’il faut utiliser son orfèvrerie au quotidien, car ce sont de très beaux objets. Il trouve cela dommage de ne
les sortir que lors des grandes occasions comme les couverts que l’on sort lors des grands repas de fête.
Utiliser ses objets d’orfèvrerie permet de faire vivre le métier.
L’art de la table et la gastronomie sont étroitement liées
L’orfèvre revient sur nos habitudes et nos comportements, définis par de vieilles coutumes dont nous n’avons même pas conscience.
Si, à l’époque, il y avait bien les habits de la semaine et les habits du dimanche (plus chic et certainement plus chers à l’achat), les objets d’orfèvrerie comme les couverts et les plats en argent étaient des objets du quotidien.
“Je trouve qu’une jolie vaisselle qui dort dans les placards est d’une tristesse… ”
Selon lui, les beaux objets méritent d’être utilisés pour leur beauté et leur ergonomie. Cela doit devenir un plaisir de les utiliser tous les jours. Malheureusement, le raffinement de la table semble se perdre au fur et à mesure. La “bonne franquette” devient la norme lors des réceptions et des dîners organisés, mettant de côté les beaux objets et le raffinement autour de la table.
L’orfèvre se sent en décalage avec cette tendance. En effet, il n’y a rien de plus important, selon lui, d’honorer ses invités car “le beau fait du bien” autant que le bon. Recevoir des convives, ce n’est pas seulement leur servir de bons produits. C’est aussi proposer des beaux couverts et plats, une belle ambiance, une belle décoration.
Pour Jean-Pierre Cottet-Dubreuil, c’est l’art de recevoir à la française et son métier d’orfèvre participe à la satisfaction de l’œil.
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Épisode 8 : Jean-Pierre Cottet-Dubreuil, propriétaire et orfèvre de la maison Richard
L’art et l’art de vivre en perdition ?
L’art s’apprend, se ressent, se partage
L’art n’est pas simple, et il convient à chaque personne d’être éduquée et de s’éduquer à l’art. Il ne s’agit pas simplement de dire ce que l’on trouve beau ou non. Dans une société de critique facile et permanente, estimer ce qui est beau demande du travail, de l’ouverture d’esprit et surtout, de comprendre le travail et l’effort fourni derrière.
Lorsqu’il rencontre des jeunes apprenants, l’orfèvre Jean-Pierre ne dénigre pas l’importance d’apprendre l’art classique, mais il est tout aussi important d’apprendre à se faire son propre avis. L’âge et l’expérience de la vie rendent cela plus facile.
En ce sens, l’orfèvre insiste sur l’importance de l’ouverture d’esprit des artisans. Il affirme qu’un artisan doit se former tout au long de sa vie, en fonction des demandes. Cela est d’autant plus vrai avec l’arrivée des nouvelles technologies, qui demandent une adaptation des artisans tout en sachant que la main d’œuvre et le savoir-faire restent essentiels.
L’art de vivre en péril ?
Jean-Pierre Cottet-Dubreuil pose le constat de la perte de l’émotion lors de l’acquisition d’un objet. Plusieurs raisons à cela : il y a de plus en plus de qualité médiocre qui circule (en provenance des pays d’Asie) et le beau est maintenant défini par quelque chose sans défaut.
Pourtant, le fait-main et le traditionnel est le beau, justement parce qu’il est imparfait. Ces imperfections révèlent des objets uniques et le travail effectué dessus. Cependant, l’orfèvre pense que les personnes se rendent comptent, petit à petit, de l’importance des vrais produits et cherchent à obtenir de la qualité en délaissant la mauvaise qualité. Il met en garde : trouver les bonnes et les belles choses prend du temps. Il faut chercher et se renseigner sur la provenance et l’artisan.
La transmission des passions et des savoirs-faire pour sauver les métiers de l’art
Le constat de l’orfèvre est inquiétant : certains métiers d’art sont sur le point de disparaître, car il n’y a pas de jeune qui souhaite reprendre le flambeau. Le problème touche de nombreux métiers et même l’ensemble du secteur lorsqu’il est évident que les métiers d’art dépendent les uns des autres pour vivre. Jean-Pierre Cottet-Dubreuil s’interroge et s’inquiète pour l’orfèvrerie dans 10 ans, avec la perte des savoirs-faire et le manque de transmission.
Il place tout de même de l’espoir dans la nouvelle génération, qui semble vouloir s’affranchir des codes de la société moderne et vouloir se réapproprier certains codes. Il appelle à accompagner ces jeunes vers les métiers d’art, en sortant et transmettant sa passion et sa fierté d’exercer un si beau métier.
Cependant, les institutions doivent également apporter leur aide et leur soutien à tous ces artisans, afin de promouvoir et faire connaître ces métiers auprès des jeunes et auprès de la génération actuelle.
Votre projet.
Il est facile de savoir si un objet est beau ou non. Si cet objet nous plaît. Les magazines sont remplis de belles images d’appartements et de villas tous plus sublimes les uns que les autres. La plupart vous seraient invivables.
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