Aménagement d'extérieur
Le jardin japonais, un voyage sensoriel à domicile
Par Alexis • 13 juillet 2021 • Partager :
Principes fondamentaux d’une tradition antique
Au Japon, l’aménagement de jardins est un art important et respecté, partageant des codes esthétiques précis et cherchant à interpréter et à idéaliser la nature en limitant les artifices.
La composition d’un jardin japonais suit trois grands principes : la reproduction de la nature en miniature, le symbolisme et la capture de paysages.
La miniaturisation, comme son nom l’indique, a pour but de représenter des scènes de la nature de manière réduites, mais également simplifiées. La simplicité étant une caractéristique importante dans la plupart des styles japonais.
Le symbolisme de son côté, est issu de la fonction religieuse. Parmi les représentations les plus fréquentes, un gros rocher isolé figure le mont Shumisen (Semeru) du bouddhisme ou le mont Hōrai du taoïsme, la montagne des immortels. Deux îles ou deux pierres côte à côte, la première basse et aplatie, la seconde élevée, représentent une tortue et une grue, qui elles-mêmes symbolisent la longévité et le bonheur. Des groupes de rochers peuvent représenter Bouddha et ses disciples.
La perspective d’un jardin japonais est liée au principe de miniaturisation, en jouant sur la taille des éléments proches et lointains, en plaçant des éléments grands au premier plan et d’autres plus petits à distance, il est possible de donner l’illusion d’espace à certaines zones du jardin. Ce savoir-faire intitulé « principe des trois profondeurs » est issu de la peinture chinoise et se découpe en un premier plan, un plan intermédiaire et un plan lointain. Les liens entre ceux-ci étant réalisés par des plans d’eau, de la mousse ou du sable ; en opposition à la perspective occidentale, reposant sur un plan horizontal et un point de fuite.
Les jardins japonais ne se révèlent jamais complètement au premier regard, cacher certains éléments selon le point de vue rend la création plus intéressante et spacieuse. Il est néanmoins possible de dresser un catalogue succinct d’éléments « typiques » des jardins japonais.
Initialement, le jardin est souvent organisé autour d’un bâtiment tel qu’une résidence, une villa ou un temple à l’architecture bien particulière.
Autour de celui-ci, on retrouve la plupart des éléments suivants :
- des rochers sélectionnés soigneusement pour leur forme, taille, couleur et texture
- de l’eau au travers de lacs, rivières, cascades… avec parfois une île centrale sur laquelle on accède par le biais d’un pont ou de pierres de gué
des carpes koï - du sable ou des graviers sur lesquels il est possible de dessiner des symboles
- des éléments décoratifs tel que des lanternes, des statues, des pagodes ou des shishi-odoshi (mécanismes conçus pour effrayer les animaux nuisibles tels que les cerfs ou les sangliers)
- des bordures créés par des haies, une palissade ou un mur
- des chemins en terre, gravier ou sable permettant la circulation des visiteurs
La création d’un espace alliant spiritualité et esthétisme
« L’art de disposer les pierres »
Dans un jardin japonais, les rochers tiennent une place essentielle.
Ils sont désignés comme étant des abris des esprits divins, appelés kami dans le passé animiste de la spiritualité japonaise.
Ainsi, un ouvrage désigné comme guide traditionnel dans la conception de jardins intitulé le Sakuteiki, s’ouvre sur le titre « L’art de disposer les pierres ».
Les rochers sont regroupés souvent en nombre impair, à la manière de sculptures. Les roches sédimentaires sont lisses et arrondis; elles sont placées au bord des plans d’eau ou servent de pierres de gué. Les roches magmatiques sont d’aspect plus brut ; elles servent également de pierres de gué, mais surtout d’accents forts permettant de rehausser la vision d’ensemble. Elles symbolisent les montages.
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L’eau, élément symbolique et esthétique
L’eau joue un rôle purificateur dans le shintoïsme ainsi qu’un rôle esthétique dans les premiers jardins japonais, fortement inspirés des jardins chinois.
Les plans d’eau sont souvent dessinés en forme de sinogrammes (caractères chinois) et presque toujours de manière irrégulière et asymétrique.
Pour représenter des torrents, ils sont étroits, tortueux et possèdent un lit de pierre ; mais pour représenter des rivières côtières, ils sont alors larges, presque droits et bordés d’herbes sauvages ou de fleurs.
À l’endroit où un cours d’eau se jette dans un plan d’eau, on trouve généralement une petite chute d’eau, marquée par une formation de rochers. Le visiteur peut franchir ces étendues grâce à une multitude de ponts souvent réalisés en bois peint ainsi qu’une succession de pierres de gué.
Le choix d’une végétation évolutive
Les plantes d’un jardin japonais sont principalement choisies selon des critères esthétiques. Elles servent à dissimuler ou à mettre en valeur certaines parties du jardin, et fleurissent ou prennent différentes couleurs suivant les moments de l’année.
Parmi les arbres ou grandes plantes les plus courants, on identifie les azalées, les camélias, les chênes, les pruniers, les cerisiers, les érables, les saules, les ginkgo, les cèdres du Japon, les pins ainsi que les bambous. Les parterres de fleurs sont historiquement rares, mais courants dans les jardins modernes.
Certaines plantes sont sélectionnées pour des raisons religieuses, comme le lotus sacré, ou symboliques, comme le pin qui représente la longévité.
L’intégralité de la végétation est soigneusement taillée de manière à laisser passer le regard et ainsi à accroître la perspective du jardin tout en conservant des formes semblables à ce qui est observable à l’état naturel.
Les animaux jouent un rôle relativement discret mais primordial au sein de ce design extérieur. Les carpes koï apportent, par exemple, une dynamique au jardin grâce à leurs couleurs chaudes tout en limitant la prolifération des algues et végétations aquatiques.
L’harmonie au travers de l’asymétrie
Le jardin japonais est bien loin du jardin traditionnel français.
Pour réussir son aménagement, il faut alors sortir des sentiers battus et éviter les lignes droites si agréables et habituelles pour le regard. On privilégie l’asymétrie avec des arbres ainsi que des rochers de formes différentes, créant un rythme impair associé aux chiffres tels que 3,5 ou 7 considérés comme positifs et de bon augure par les Japonais.
L’asymétrie évite qu’un objet ou aspect déséquilibre la composition en paraissant trop dominant par rapport aux autres, et rend celle-ci plus dynamique. Il associe le spectateur au jardin, en incitant à parcourir du regard chaque détail avec minutie.
Le principe fondamental du jardin japonais se veut être l’expression de la nature elle-même. Au Japon, selon l’héritage taoïste, celle-ci est sacrée, simple d’équilibre et d’harmonie. Le jardin japonais cherche donc à se rapprocher de cet équilibre en offrant une version miniature de l’environnement naturel.
Dans les croyances traditionnelles japonaises, le chaos naturel cache en réalité une harmonie fondamentale. À l’inverse, la symétrie, les lignes droites ainsi que les nombres pairs sont propices aux mauvais esprits.
Au travers de cette architecture paysagère, les maîtres-mots du jardin japonais sont : sobriété, calme, souplesse et équilibre. L’espace est alors façonné avec précision pour transmettre unn sentiment de détente à ses contemplateurs.
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